24 heures de St Fons : Clap 2ème
J’ai adoré les 24 h de st Fons 2015. J’y ai passé une excellente nuit, inoubliable, enfoncé dans mon matelas de gymnastique, enroulé dans ma couverture de survie, rêvant au podium qui me tendait les bras pour la première fois… J’étais pourtant venu pour battre le record de mon club FFA (AAA de Lyon) détenu par Jean Claude (188) et sur un malentendu, celui du LUR, possession de Biscotte avec plus de 191 Km. Pour un premier, j’étais certainement trop présomptueux ou prétentieux… Résultat : 147 km en 18 heures (3ème ) puis 3 km les 6 dernières heures soit 150 km ; 18 ème / 42 classés
Sur ce goût d’inachevé, je ne pouvais que me réinscrire aux 24 h de St Fons 2016. J’ai ressorti le plan d’entrainement 24 h (le seul qui doit exister car Tidgi a utilisé le même), la même adaptation perso : suivre les séances spécifiques VMA, seuil, fractio, PPG de mon club 2 fois par semaine et 7 semaines avant l’échéance, rajouter les séances 24 h. Hypermotivé et profitant de cette saison bien clémente, j’enchaîne les séances d’entrainement sans problème jusqu’au 8 Mars, matin où je n’arrive pas à sortir de mon lit terrassé par la grippe. Adieu veaux vaches cochon couvée….les 24 h sont bien compromis. Me voilà avec cortisone, antibiotiques, tisanes, miel, homéopathie… tout ce qui est censé améliorer mon état.
Au bout d’une semaine, la grippe a disparu pour laisser place à une toux sèche omniprésente. Reste 2 semaines pour être au départ. Le compte à rebours a démarré. Je ressors les baskets et j’essaie pratiquement tous les jours de courir 30 minutes à l’allure 24 h pour un mini travail musculaire en espérant que la transpiration va accélérer la guérison. Mais je tousse, je tousse, je tousse. Je ne sais pas qui, quoi a été le plus efficace, toujours est il que la veille de la course, je ne tousse pratiquement plus. J’y vais et on verra……Il faut profiter de l’avantage de courir sur un circuit, tous les kilomètres on peut stopper et un lit douillet nous attend… AH NON Bernard tu ne vas pas recommencer, le lit ça suffit.
Je retrouve donc la famille des circadiens, une famille car la plupart des têtes que je croise étaient déjà à St Fons l’année dernière. Je m’installe à côté de Gilles, pratiquement au même endroit que l’année dernière ( j’ai pris mes habitudes de vieux). Tidgi est déjà là. Eric, Anthony sont là aussi. J’aperçois David Briand puis Jean Louis et Stéphanie. Nous sortons prendre le pouls de la course et faire un tour en marchant pour passer le temps avant le départ et admirer notre magnifique environnement de course : le stade bucolique, la voie ferrée et cette usine dont les bruits de vapeurs, cliquetis, déversements bizarres rythment la nuit des coureurs.
10 heures : le départ
Un 24 h c’est simple, il faut tenir le plus longtemps possible sa vitesse de départ puis inexorablement cette vitesse décroit. Il faut donc que la pente de cette décroissance soit la plus douce possible, sans rupture .. arrêt. Si le départ est trop rapide pour son niveau, explosion en vol assurée, si le départ est trop lent …je ne crois plus qu’il y ait un départ trop lent sur un 24 h. La vitesse de départ est donc primordiale, c’est le but de l’entrainement allure 24 h, maîtriser sa vitesse de départ. Courir à 10 voir moins que 10 km/h cela se travaille. Et bien évidement emporter par la foule des coureurs, je suis parti un chouilla ou un pouillème trop vite. Mais un chouilla c’est un chouilla. J’ai retrouvé l’ambiance des 24 h, il fait beau, le circuit est très (trop) tortueux peut être, mais l’avantage est que l’on se croise, que l’on peut s’encourager, se faire un signe de la main, de la tête. C’est très convivial et sympa. Tous les tours, nous avons la tentation du ravitaillement gargantuesque tenu par la bénévoles du COSF qui sont fantastiques. Il y a tout ce que l’on veut, du liquide, du solide, du chaud du froid …il faut résister à l’arrêt gourmand et bien rester concentrer sur sa stratégie, j’essaie de tenir 2 ou 3 tours sans arrêt puis ravito boisson et solide, comme sur la TDS ce sera bananes, pates de fruits, thé chaud hyper sucré puis assiettes de pates et soupes très salées, quelques TUC et cacahuètes mais pas trop. J’évite de trop parler car cela me déclenche des quintes de toux qui heureusement ne sont pas trop longues et vont finir par disparaître.
Premier pointage : 11 km en 1h03′:32, 9 ème
Pour illustrer l’importance de la vitesse de démarrage, voici le temps de Tidgi, notre héros du jour, qui a fait plus de 198 km : 11 km en 1h05’42 13 ème
Second pointage horaire : 20 km en 1h55’45 10 ème
Tidgi : 1h57’56 12 ème
La première chaleur se fait sentir. Heureusement tout est prévu et je mouille ma casquette régulièrement.
Les 6 premières heures passent tranquilement. Je n’ai pas l’impression d’avoir des séquelles de ma grippe. Nos premiers supporters arrivent. J’aperçois Joelle assise sous un arbre, Arthur Biscotte Jean Phi, Laurent nous accompagnent sur quelques tours. Mais à partir de la 6 ème heure j’ai l’impression de ralentir ralentir….
Septième heure : 6h56’30 14 ème 62,1 km
Tidgi : 7h01’16 5 ème 66,1km
Huitième heure : 7 h58’40 69,1 km 14 ème
Je continue mais mes jambes sont de plus en plus lourdes. Je m’assois un instant à côté de Joelle et repars presqu’immédiatement. Si je m’arrête trop longtemps, je ne vais pas repartir. Je me traine….. Arthur est à mes côtés et m’encourage. T’inquiète cela va revenir, allez, go … ses encouragements ne suffisent pas et je finis par m’assoir sur un banc à l’autre bout du circuit. Je vois arriver Eric avec qui nous avons un petit challenge de Master 2 : qui sera devant l’autre et surtout, qui d’entre nous va dépasser les 180 km le premier. Je tends la main, il me relève de mon banc et je me traine au gymnase. Cette fois je stoppe, mais avant, j’avale un gros ravitaillement à base de pates. Je rentre au gymnase. Je m’allonge les jambes en l’air et prends un doliprane. Je me repose, je n’ai pas envie de dormir mais j’ai les jambes qui pèsent une tonne. 8 h 36 est mon dernier pointage dans la 9 ème heure avec 72,1 km au compteur. Je décide de repartir à 9 heure.
A 8h 55 je remets la NOK puis je traverse le gymnase pour revoir la lumière. Mes jambes sont légères, un nouveau ravitaillement et je tente de recourir. Je marche puis j’accélère… je cours et je reprends rapidement un bon rythme de croisière. Je ne le croyais pas mais la lumière semble revenue…mais jusqu’à quand. Il faut profiter de l’instant, et à l’instant je cours. Jean Phi veut me freiner mais maintenant que je suis reparti, je ne me pose pas de questions, je cours. Premier passage sous l’arche ….je suis 22 ème.
9h55’49 78,1 km 21 ème
Je n’ai aucune idée du kilométrage final que je peux espérer. Il faut attendre le passage au 100 km. Mais le pac man est reparti. Je finis par me débarrasser de mes Hoka que je ne supporte plus. J’en ai marre de ne pas sentir le sol. Je mets mes chaussures de trail qui ont fait la TDS.
10h58’18 87,1 km 16 ème : 9 km dans l’heure,
11h50’39 95,1 km 11 ème
Je passe les 100 km vers 12 h 20 soit 40 minutes de plus que l’année dernière. Un petit calcul mental, ……………bon les 180 km doivent encore être atteignables Pour me motiver je me fixe des palliers à atteindre de 5 km par 5 km avec un arrêt tous les 2 ou 3 tours.
13h00’29 104,1km 10 ème
Je tombe dans les bras de Jean Claude venu encourager les circadiens, il détient le record du club …mais mes chances de lui ravir se sont évanouies avec mon arrêt.
13h50’24 110km 10 ème
Le soleil de l’après midi est maintenant bien loin. Le vent a été de plus en plus fort au fur et à mesure de l’avancée de la nuit pour être remplacé par un déluge de pluie sur le matin accompagné de bonnes raffales. Je suis alors rentré dans le Gymnase pour mettre mes affaires de pluie mais je ne me suis pas attardé, puis j’ai résisté à la pluie en ingurgitant de la soupe, des pates et du thé.
14h58’07 117,1 km 9 ème
15h57’42 124,1 km 9 ème
17h00’05 132 km 8 ème
J’ai doublé David qui va finir très très difficilement malgré les encouragements de Joëlle.
17h54’32 139,1 km 8 ème
En résumé c’est quoi un 24 h… je cours, je marche, je mange, je bois, je cours, je marche, je bois, je bois, je cours, je marche, je bois, je marche, pipi, je marche, je cours, NOK, je cours. je mange, habits pour la pluie, je marche, je cours, je bois, salut Jean Phi, je cours , je bois, je mange…facile quoi. Mon coup de mou semble bien loin……
18h58’22 145,1 km 8 ème
Encore un effort et je fais mieux que l’année dernière
19h55’46 152,2km 8 ème
Yess mes 150 km sont améliorés et les 180 sont toujours possibles.
20h54’11 159,2 km 8 ème
Sur le matin nos supporters réapparaissent, Joelle, Jean Phi, Romain, Laurent viennent tourner plusieurs tours avec nous et cela fait du bien, Jean Phi me voit en 177 km mais je n’y crois pas, je vais faire mieux, les jambes sont là et je ne faiblis pas.
21h59’22 167,2 km 7 ème
Je ne serai pas longtemps 7 ème, Franck Millon a fait un arrêt prolongé avant de repartir comme une fusée. J’ai l’impression que je me rapproche d’Anthony qui alterne de longues périodes de marche avec la course.
22h54’09 174,2km 8 ème
Encore 6 km en 1h06 pour atteindre les 180, maintenant c’est facile, il faut courir un maximum et minimiser les arrêts au ravitaillement… Go. Dans le money time, il ne faut pas se poser de question et avancer.
La pluie réapparait mais je ne la sens pas, A chaque tour, je passe devant la tente où sont massés nos supporters ; je fais le décompte à Jean Phi. Je passe les 180 à environ 20 minutes de l’arrivée. Je continue. 181 .. Anthony a réussi sa marque de 180 et s’arrête à 183. Je continue….. 182 un coup d’oeil à ma montre, je n’ai pas le temps de faire un tour complet pour rattrapper Anthony et la pluie redouble. Je m’engouffre dans la tente et rejoins Thierry (198), Gilles (150) et Anthony (183) Nous posons avec nos dossards…. La corne de brune sonne, encore une minute ; la corne sonne une seconde fois….c’est fini. Nous attendons pour donner au mesureur-chronométreur nos dossards. Il ajoutera 40 mètres à notre nombre de tour. Puis nous rentrons dans le gymnase.
Aille ouille aille ouille ouille …voilà à quoi se résume la phase « je me change ». J’ai mal partout et le moindre geste est une épreuve ; la douche…on oublie. Il y a une excuse, c’est sous les tribunes du stade et je ne peux plus faire un mêtre. Et la douche cela fait des heures qu’on la prend. Je n’arrive pas à lever la jambe droite, j’espère que je n’ai pas déclenché une hernie inguinale à droite. J’ai déjà été opéré à gauche …..(je vous rassure tout est OK). Je sors mes lingettes pour bébé et je fais la distribution à Gilles et à Thierry qui doit se refaire une beauté pour aller chercher sa coupe.
La distribution des prix commence :
Thierry est notre champion, Anthony est le premier senior et reçoit sa bière puis Gilles profite du départ de David Briand pour récupérer son prix … Ben M…. alors, je suis le seul du LUR à ne pas repartir avec un lot. C’est vraiment une course de vieux, je suis seulement quatrième des Master 2 avec 182,222 km et 8 ème / 50.
Les zombies se traînent jusqu’au pot de départ/arrivée puis chacun regagne comme il peut le parking. Mickael Jackson a du s’inspirer d’une fin de 24 h pour sa chorégraphie de Thriller.
Alors ces 24 h : échec ou réussite?
D’un point de vue comptable, c’est un échec, je n’ai pas battu le record de Jean Claude (188). Je n’ai pas bien gérer le choix des chaussures; à creuser pour la prochaine fois. Le choix des hoka a été une erreur pour moi. Mais dépasser 180 km semble déjà être une marque respectable, il suffit de se reporter au barème FFA. C’est au même niveau que 2h58 au marathon ou 36’30 au 10 km. Cela me console un peu. Désolé Eric, j’ai gagné notre challenge. Tu dois remettre cela l’année prochaine mais apprend à démarrer lentement : 3 ème à la première heure à 11 de moyenne puis 10,88 à la 2 ème. …..Est ce bien raisonnable ? Encore merci de m’avoir relever de mon banc quand j’étais à l’agonie…Tu aurais peut être du m’y laisser dépérir à petit feu. Un immense merci à toute l’organisation, il ne manque rien, les gens sont sympas..vraiment super.
Maintenant place au D+ et en route pour l’X Alpine début Juillet à Verbier. Après la grippe, j’ai attrapé le virus des 24 h. Je serai à St Fons le samedi 15 Avril 2017, c’est le prochain Week end de Pâques. Ne sortez pas cette nuit là, il y aura de nouveau un mec louche en ville.