New Personal Record !
Mon souhait de début de saison était de retrouver de la vitesse. Les problèmes de pied du début d’année ayant un peu retardé le programme, je décide de m’y mettre après l’X Alpine à Verbier, en profitant de la prépa marathon de Lyon. Ce marathon lyonnais est la 6° édition pour moi, 8° marathon au total. Par 2 fois, j’ai échoué à mon objectif de 3h15 (2010 à Lyon et 2012 à Venise). Ainsi mon 3h22 de 2009 à Genève court toujours…
Plutôt que de partir sur un plan trouvé sur le net, je fais appel à l’entraide kikou en demandant à Marat/Patrice de me faire un plan aux petits oignons. C’est que le « Off des records », qu’il sait organiser de main de maitre m’a bien plu : se challenger dans la bonne humeur, çà me va bien. Il va donc falloir gagner en vitesse.
10 jours après Verbier, les hostilités sont lancées pour un programme plutôt costaud. Moi qui court en général 2 à 3 fois / semaine, je suis servi avec 4 à 5 fois et du volume ! J’ai même droit à une sortie de 45 km allure cool rendant mon entourage plutôt perplexe… A tel point que 3 semaines avant l’échéance, la cheville se sera réveillée, instaurant le doute sur l’atteinte de cet objectif et m’obligeant à alléger le kilométrage avec l’accord du coach 😉
Je décide même de partir sur des chaussures neuves pour privilégier l’amorti, et ne les casse que 30km (même pas peur). La relâche des 2 dernières semaines sera très bénéfique.
Après le rendez-vous kikou habituel sous la queue du cheval (oui, cher lecteur, il faut évidemment comprendre ce que signifie ce point de RDV quand on n’est pas habitué de la place Bellecour à Lyon…), me voilà dans le même sas avec turtle/Julien (aligné sur le 10km) et zeze/Bernard qui sera mon sparring partner. C’est que nous avons tous les 2 le même objectif, on a donc décidé de courir ensemble… le plus longtemps possible. L’ami ayant à son actif bonnombre de marathons, je sens que çà va fumer sur le bitume…
Le ballon des 3h15 est derrière nous. Et bien il va falloir qu’il y reste toute la course !
Les sas regroupés par allure nous permettent de trouver notre rythme assez rapidement. Nous laissons Julien s’échapper vers son record sur le 10km. De notre côté, et bien que je sois dans ma bulle (je cours en musique), nous sommes bien dans le même tempo. Je sens cependant que je ne cours pas « à l’aise » mais je n’arrive pas à savoir pourquoi. Le passage du tunnel mode doux de la Croix Rousse : ouaouh, il fait chaud ! Nous nous prenons une bonne bouffée d’air à la sortie, j’en ai même froid pendant 500m. Le ciel est bien nuageux, des pluies orageuses sont annoncées. Ce serait bien qu’elles n’arrivent que après 13h 😉
Premier ravito et hop on se regroupe à nouveau avec Bernard. Une tape dans la main à Jean-Phi et kirikou69 déguisé en supporter stéphanois (excellent !) et c’est parti en direction du parc de la Tête d’Or. Ici, un monde fou, plein de supporters. Nous passons le 10°km en 46’. Nickel ! Pile dans les temps. Pas besoin de se chercher avec l’ami Bernard, çà tourne comme une horloge…
Depuis 2km, une légère douleur se réveille à ma fragile cheville droite. Mais je ne lâche pas l’allure pour autant, de toutes façons, il faut que je suive Bernard et vice-versa. Chaque kilomètre s’égrène à une allure relativement constante (je dis relativement car çà oscille entre 4’25 et 4’35… Mais on ne va pas chipoter).
Quelques kilomètres après la sortie du parc, à nouveau nos supporters de choc Jean-Phi et Kirikou69 (merci les gars). D’un duo, nous passons à un trio : Jean-phi décide de nous accompagner en direction de Gerland pour ensuite rentrer chez lui.
A l’approche de l’Hôtel de Ville, arrivent les premières gouttes de pluie. Il fallait s’y attendre, les prévisionnistes ne se sont pas trop plantés. La pluie redouble au moment où nos arrivons au semi, passé en 1h37 : toujours dans le timing. Pourvu que çà dure ! Le cardio, lui, reste toujours raisonnable. Pas comme la pluie qui tombe puissance 10 : il faut alors se mettre en mode mental car :
– Nous nous retrouvons bien seuls entre marathoniens
– Nous arrivons du côté de Perrache, quartier forcément beaucoup moins animé.
Je me sens trempé jusqu’aux os. Floc floc dans les chaussures. Une pensée noire me traverse l’esprit : et si c’est comme çà jusqu’à la fin. Venise 2012, je me souviens… Mais non, déjà le ciel s’éclaircit et les gouttes se font plus rares. Cette pluie a fait du bien, la cheville me fait moins mal.
25°km et nous traversons la Confluence. Elle a bien changé depuis quelques années, et c’est quand même plus plaisant d’y passer. Moins plaisants sont ces nombreux virages qui donnent l’impression de rester dans un labyrinthe. Notre trio tourne cependant toujours à bonne allure. Et pourtant, le ballon des 3h15 s’est maintenant bien rapproché de nous. A-t-il accéléré ?
Arrivés vers la patinoire Charlemagne, au 27°km, une autre surprise avec la présence du coach Marat/Patrice. Il vient vérifier que je tiens bien son plan ? Ben pour l’instant tout roule alors qu’en général c’est là que çà commence à se compliquer. Bien évidemment, de trio nous passons à un quatuor de joyeux drilles !
Tiens, une amie qui attend son marathonien de mari. Paf ! Shooté !
De la Confluence, nous passons à Gerland. Et le ballon 3h15 qui est maintenant sur nous. Je remarque que peu de coureurs sont autour de lui, est-ce que çà aurait écrémé ?
Normalement le marathon commence à Soucieu… non, pardon, je confond avec une course célèbre qui m’attend dans 2 mois. Nous passons le panneau indiquant « Vous avez atteint le mur du 30°km ». Alors ? Il est où ce mur ? Ce sont plutôt quelques gouttes de pluie qui rafraichissent les cuisses qui chauffent…
Passage du stade de Gerland : toujours un moment sympa. Je pense à Crocs man qui passera plus tard, déguisé en supporter des Verts (je ne t’aurai pas vu l’ami, pour une prochaine fois). Mais où est Bernard ? Quelques mètres derrière. Allez accroche ! Au 33°km, il se laissera distancer. Au moment où nous retrouvons Nicolas à l’entrée du parc de Gerland, à lui de le ramener pendant que je reste avec mes 2 compères Patrice et Jean-phi. Tu t’es pris au jeu Jean-phi, pour finalement ne pas rentrer tout de suite…
Mes jambes répondent toujours bien que je commence à entrer dans le dur.
La remontée des quais me donne l’occasion, grâce à mes 2 lièvres, de lâcher progressivement le ballon des 3h15. Incroyable ! D’habitude, c’est plutôt moi qui regarde s’éloigner le meneur d’allure vers ce kilométrage. J’ai parfois l’impression d’être dans un autre monde, tant je ne souffre pas plus que çà… Je reste cependant dans ma bulle, musique dans les oreilles…
Je sais à présent que cet objectif raté par 2 fois est à ma portée. Et çà, çà booste un mental en plus des jambes !
Je demande à accélérer encore un peu avec mes 2 compères. 36°…37°…38°. J’ai du passer en mode ultra car je ne sens plus rien. Au 39°, allez les potes ! On augmente un peu la cadence ? Le ravito du 40 est vite passé. Après la remontée sur les quais, il reste moins de 2 km. Je choisis alors ce moment pour prendre le large, laissant mes 2 compagnons (désolé les gars mais je voulais voir comment répondent les jambes). Et çà marche ! Mode pilotage auto et c’est parti pour ramasser sur le dernier km les quelques concurrents qui terminent…
La dernière remontée sur la trémie se fait en mode warrior 😉
Virage à 180°, et çà redescend et… Aïe ! Aïe ! Une douleur fulgurante me lance derrière la cuisse gauche. Je ne peux plus avancer ! Il reste 500m…
Les concurrents dépassés me repassent tout naturellement, pendant que moi j’essaie au moins de marcher…
Patrice ayant décidé d’aller faire le pacer pour Arclusaz, Jean-phi revient à ma hauteur et m’aide ainsi à passer la ligne (merci vieux). Je passerai sous l’arche en boitant mais terriblement ému par cet objectif que j’aurai enfin atteint… voir un peu dépassé. Et çà, c’est génial !
Bon, j’aurai laissé à 500m de l’arrivée un bout d’ischio gauche… C’est çà d’avoir voulu accélérer un peu trop brutalement sur des muscles fatigués. On apprend même au 8° marathon…
Bernard arrive à peine 4 minutes après moi. Il aura bien recollé le bougre, l’expérience d’un vrai multi-marathonien 😉
Après 2 échecs à essayer ce chrono, j’éprouve évidemment une grande satisfaction : une prépa sérieuse, et une course où je ne me suis jamais vraiment senti en difficulté, mis à part des doutes récurrents sur le pied fragile.
Seuls les premiers km ont été difficiles pour se mettre dans le bain. Evidemment, partir comme une brute sur le dernier kilomètre est à éviter. Mais on apprend toujours. Le marathon reste une belle école d’humilité…
Cet objectif a été possible grâce à un travail d’équipe.
Donc un grand merci à :
– Bernard, mon partenaire de course. Un vrai plaisir d’avoir couru ensemble. Bien synchro… jusqu’au 33°km. Désolé de t’avoir abandonné mec !
– Jean-Phi pour nous avoir accompagnés, et sur une distance supérieure à ce que tu avais prévu 😉
– Patrice pour cette prépa et ce partage d’un bout de parcours. Super la remontée des quais avec Jean-phi et toi. Z’avez été supers ! Sympa cette accélération progressive pour décrocher ce ballon.
Moi qui court plutôt dans ma bulle, et même si j’ai gardé ma musique dans les oreilles, j’ai apprécié d’avoir partagé « mon » marathon. Merci à vous.
PS : pour toi Papa, disparu en 2009. J’ai toujours gardé en tête ce précédent record réalisé à Genève cette même année, le jour où tu aurais fêté ton anniversaire, 1 mois après ta disparition. J’ai beaucoup pensé à toi sur cette course…