Les 24h de St Fons, 19-20 Avril 2014. (crédit photo Arthur Baldur, Cyrion et Pierre)
Me voila de retour, de retour pour un tour et sans détour pour plusieurs tours.
Le contexte : préparation de la 180 édition 2013,
Le lieu : quelque part entre Ste Catherine et St Christo,
Quand : la nuit.
Blablatage habituel entre membre du Lyon Ultra Run, là Biscotte me dit qu’il serait tenté pour se frotter à niveau au 24h à St Fons l’an prochain. Perso, je restes sur deux échecs relatifs sur ce genre d’épreuve :
1) un bon départ à Grenoble en 2012 avant d’exploser à la 16h ( ) 132km au final.
2) puis en 2013 toujours à Grenoble pour une course en mode marche (car une semaine après Grand Trail du St Jacques ) 140 au final.
L’idée de me faire un 24h en début de saison me plaît, de plus que cette année j’ai prévu de faire l’UB43 (une semaine avant les 24h de Grenoble, sic!). Je lui dis donc chiche…
Cette année je n’ai prévu de faire que du long en compétition/off (>100km). Ce 24h sera donc le premier “test”. Le Truc A La Con s’est bien passé avec mon objectif atteint de 51 tours en l’Ultra Boucle de la Sarra en 24h. D’aucun pense que je n’aurais pas le temps de récupérer en 4 semaines, mais je me connais c’est suffisant, je ne suis pas du genre à trop forcer. De fils en aiguilles c’est toute une panoplie d’Ultra-Runner de ma connaissance qui s’agrègent sur cette course : mes collègues d’Arda : Adaranaz et Cyrion (avec qui je fais quasiment toutes mes courses). Biscotte pour le LUR avec les encouragement de notre sire Arthur Baldur, Madame Bonnemine et Pierre. Des anciens de la 180, Eric (runslow), Gilles (Gilou) ainsi que Corinne venu soutenir Biscotte. Mes modèles de course à pied Claude “le chimiste” et Mr Christian Mauduit (mon favori), ainsi que sa femme (Valérie) qui avait fait le 24h de Grenoble en 2012 en même temps que moi.
Pas de préparation spécifique contrairement à Biscotte, juste une sortie à allure jeudi avant la course (ce qui fera craquer de rire la Biscotte). Je me fixe comme objectif de suivre et encourager mon collègue du LUR pendant 6h au 9km/h qu’il s’est fixé comme allure. Puis d’introduire de la marche afin d’atteindre les 100 miles ce qui serait une bonne marque pour moi.
La journée du samedi commence à 7h du matin. Je me réveille chez moi à Tarare. 8h, sac bouclé et file vers St Fons. 9h je suis sur place, je fais le tour du circuit en marchant histoire de repéré les différents passages, pour voir où insérer les phases de marche.
Résumé du circuit (avec les principaux intervenants de ce récit):
L’arche. Guests : Taldius, Adaranaz et JP
Les stands. Guests : Runslow et Gilou
Le virage avant la partie roulante. Moi 18-24h
Ligne droite de retour. Guests : Christian Mauduit et Gilou
Passage le long des stands. Biscotte himself
Début secteur caillouteux. Encore la Biscotte
Secteur Graviers (qui aime se loger dans les chaussures). Guest Runslow et Gilou
Retour sous les peupliers. Guests : Biscotte et Arthur Baldur
Vous me reprendrez bien des cailloux pour terminer. Guests : Adaranaz, Taldius et Cyrion
Je me réfugie ensuite dans la salles afin de faire mon petit nid qui j’espère ne servira pas pour la nuit. Je me prépare une chaise pour les changements au stand et un tapis pour pouvoir m’allonger les jambes en l’air, conseil de Sieur Mauduit qui marche plutôt bien. Je récupère dossard. Une partie de parlotte avec les connaissances, discussion stratégie avec des participants pour qui s’est une première. Un 24h c’est avant tout la convivialité. 5 min avant le départ nous sommes invité à rejoindre la ligne de départ. Pas de discours, juste PAN! c’est parti avec les 6h qui vont nous faire l’allure pour ce début de course.
Les 6 premières heures : Tout va bien…
Distance parcourue : 51 km
Je tiens la cadence en souplesse. Au bout de deux tours je m’aperçois que le tableau d’afficher me crédite d’une allure à 11km/h allure que mon GPS me donne 9km/h, tout comme mes jambes. Je ne me fie pas à l’affichage. Avec le temps je perds Biscotte de vue, je continue mon bonhomme de chemin tout en en profitant pour discuter. Le problème de distance est un sujet de discussion plutôt populaire.
Je trouves que c’est partit trop vite devant certainement grisé par les allures annoncées au panneau. En effet, aucun des coureurs initialement sur le podium en début de course n’y sera au final. Perso, je prends mon temps, je m’hydrates régulièrement, je change de T-shirt souvent pour éviter mes problèmes d’irritation habituels. Premier objectif atteint, première binouze, j’ai décidé de faire comme au TALC c’est à dire de boire de temps en temps une bière en guise de récompense, je suis un chien de Pavlov quand on parle de bière 🙂
Mon expérience de la course me fait dire que sur l’ultra il faut toujours y aller étape par étape. Prochaine étape et donc prochaine bière 82km en 10h. Me connaissant je sais que je fais en 24h le double de la distance que je parcours en 10h. L’objectif étant de 164, le 82 devient plus logique.
Heures 6 à 12 : Toujours bien.
Distance parcourue : 95 km
J’incorpore donc de la marche ce qui a pour vertu de reposer certains muscles tout en utilisant d’autres. Technique testée et approuvée lors de mon 24h de l’an dernier. Je perds en fin de compte peu de vitesse et surtout je me sens super frai avec l’impression de toujours pouvoir aller plus vite. La barre des 82 est franchie à 9h55, tout colle au plan, seconde bière. A ce moment les supporter arrivent…
Bonnime
Pierre qui a pris cette photos tard dans la nuit
C’est nouveau pour moi sur 24h et plutôt agréable. Maintenant objectif 7.5km/h soit 96km en 12h. Le problème quand on est moi c’est que l’on est étourdi pour ne pas dire complètement bête. Lors d’un changement de T-shirt j’oublie mon dossard dans le salle, du coup, un tour gratuit. Je raconte mon aventure à Gilou.
Ce sera donc 94km en 12h. Bibine quand même avec les noix de cajou qui vont bien.
La nuit est maintenant tombée. Le froid s’installe et le 12h pars pour nous accompagner jusqu’à la fin. Je tiens ici à féliciter ceux qui l’on fait déguisé c’était marrant de croiser croc-man, lapinou, le joker,…
Heures 12 à 18 : C’est là que ça se joue.
Distance parcourue : 130 km
Maintenant je voudrais bien garder une allure aux alentours de 7km/h jusqu’à levé du jour. Je rajoute un peu de marche et cela fonctionne jusqu’à la 17ème heure. Au passage je discutes avec Claude qui viens de me reprendre un premier tour. Il me demande mon objectif, je lui dit 164. Mais aussi que si j’arrive à tenir ce rythme je devrais pouvoir dépasser les 170, ce qui serait inespéré vu mon manque de préparation.
Malheureusement cette discussion était prémonitoire. A la 17ème heure, alors qu’il commence tranquillement à geler et que mes collègues de Arda sont partit se coucher les tendinites arrivent. Je pourrais commencer par la tendinites derrière le genou droit, mais elle est bientôt accompagnée du talon d’achile gauche et du releveur droit. Bref, je ne peux plus courir.
Je connais ce genre de situation, comme l’an dernier, mais heureusement bien plus tard je passe en mode marche forcée. Je sais que malheureusement sans pouvoir courir pour soulager les muscles de la marche, je ne vais faire que ralentir. Je me mets dans ma bulles. Je finis ma dernière bière et c’est parti pour le mode zombi, plus qu’à attendre le lever du jour qui est parfois synonyme de renaissance.
Heures 18 à 24 : C’est dur.
Je suis donc dans le dur, je me force à avancer encore et encore, je me fais dépasser sans arrêt. Mais je suis heureux. Les km augmente, je comptes les tours, je comptes les minutes par tour. Je perds du temps, mais je dois pouvoir atteindre l’objectif par contre : interdiction de se mettre au chaud.
La réalité est là dans le froid de la nuit. 130 km en 18h, ce n’est pas maintenant qu’il faut baisser les bras. Alors petit objectif par petit objectif. Mon score de 2012, mon score de 2013, celui de Céline en 2012, celui d’Arthur, les 144 (une grosse chez les hobbits), 150.
Puis le lever du jour. Pas de résurrection immédiate, je maudis le DJ qui nous a abandonné avec une bossa suave qui n’est pas du tout à propos pour donner du rythme. Peu à peu les dormeurs se réveillent. Céline prends le partit de m’accompagner en mode marche comme nous l’avions fait en 2012. Nos supporters reviennent, mon sourire a momentanément disparu.
Puis chemin faisant j’arrive à 162km. Il me reste 12min pour faire deux tours. Or, je suis à plus de 8min au tour. Alors je lâche tout, perdu pour perdu, je pars au sprint et… les jambes tiennent. Je dépasse et dépasse encore. J’ai la banane, un tour de 882m en 4:10. Puis un autre sous le 5min, c’est fait 😉
Premier coup de feu, plus qu’une minutes, je sais que quand je m’arrêterai les douleurs vont arriver et qu’elles seront sauvages, alors je continu jusqu’au second coup de feu. Je suis heureux, ce qui efface la douleur.
Récapitulatif :
164 km, 0 m D+
Temps de course : 24h00 Classement général : 15/47
Le mot de la fin :
Retour à la buvette où Claude nous offre une tournée de la bière spécialement brassée pour l’évènement. Sacré Claude (188km au final) , il m’a mis 24km en 8h. Biscotte est heureux 192km au final, record explosé. Tout est bien qui finit bien.
Crédit photo : Runslow
Je reste assister à la remise des prix pour assister au podium bien mérité de l’ami du LUR.
Perso j’ai atteint mon objectif. Maintenant il faut que je passe cette distance avec 10000mD+. Rendez-vous au GRO…
Bravo pour ta marque et merci pour ton récit, nous devrions revenir pour les 24h de Roche la Molière
Merci
Superbe Anthony ! Quelle volonté farouche (et quelle descente de bière !) ! Impressionné je suis ! Dommage de ne pas avoir pu vous rejoindre mais je me rattraperai !
Bravo !!! La capacité à boire de la bière pendant l’épreuve m’impressionne presque plus que la marque ! 😉
Merci pour ton récit Anthony. Encore un truc de dingue de plus partagé avec toi. Quand on se retrouve sur une course, c’est jamais pour une petite sortie !
…y faudrait peut être qu’on essaie un de ces jours du côté de Tarare, une petite trentaine de bornes quoi ! 🙂