Les 24h de Grenoble, 6/7 Octobre 2012.(photos Nathalie du GUC)

Interrogations collectives après la TDS : que faire comme course pour préparer la LyonSaintéLyon? Après une hésitation à participer aux festivals des templiers ou des hospitaliers et un hors délai pour s’inscrire à l’arrancabirra (que je ferais surement un jour), nous décidons avec mes comparses de participer aux 24h de Grenoble. L’an dernier je m’étais initié au marathon, cette fois-ci ce sera sur une piste d’environ 1km que je vais me frotter à l’une des disciplines d’ultra-fond reconnues par la Fédération Française d’Athlétisme.

Tal24g2012-1Je pars sans pression mais en recherche de réponses :
1) est-ce que j’ai bien récupéré de la TDS?
24h à tourner dans un environnement contrôlé (c’est-à-dire pas perdu en pleine montagne) devrait m’apporter des réponses.
2) est-ce que je peux prévenir mes problèmes de releveur en ayant des chaussures amortie à l’avant ?
En effet, mes chaussures de route sont amorties à l’avant et non sur mes chaussures de trail. Ce problème m’avait lourdement handicapé lors de la LyonSaintéLyon 2011 me freinant pour finalement finir hors délai à Ste Catherine. Je le pensais corrigé par l’achat de « bonne » chaussure, mais il était réapparut à la fin de la TDS.
3) quelle distance puis-je parcourir en 24h sur plat ?
Je connais mon temps marathon (3h45, que je dois pouvoir améliorer en me préparant un minimum), mais je n’ai pas de références sur ultra sur « route ».
4) comment se déroule une course horaire ?
Avec mes comparses de Lyon Ultra Run nous mettons sur pied une course horaire de 6h avec du dénivelé dans le centre historique de Lyon : cf. Ultra Boucle de la Sarra 2013. Je voudrai avoir une expérience in situ de ce genre de course afin de mieux cibler les besoins, même si les amis Arthur, Tidgi et Biscotte grillée ont déjà une grande expérience dans le domaine.

J’arrive sur la course avec mes collègues d’Arda (Céline, Damien et Moi-même) avec qui nous avons pour projet de faire un jour la Petite Trotte à Léon. Céline est elle aussi curieuse de tester ce genre de course, elle compte tester différents équipements pour prévenir le froid. Damien, pour sa part, a préféré soigner ses pieds lourdement endommagés lors de la TDS, puis l’Ultra du Vercors et le Grand Trail du St Jacques. J’arrive sur cette course quasiment sans préparation (3 entrainements en un mois), sans bobo, sans préparation physique et sans avoir fait de régimes pour limiter ma surcharge pondérale habituelle. Tout va pour le mieux donc 😉 Comme il faut fixer des objectifs pour avoir une base, voila ce que je me suis dis :
1) plus de 114km : plus long jamais couruLYON ULTRA RUN
2) plus que 140km : distance de la LyonSaintéLyon 2012 / objectif validé par Léon
3) plus que 160 km : 100 miles / distance de référence
4) plus que 168km soit 4 marathon / objectif proposé par Oslo et Biscotte grillé. Vous êtes sympa les gars, mais vu ma préparation inexistante ça va être faut. Mais bon, je suis joueur, et c’est donc sur cette base que je stratégises ma course.

Stratégie mise en place : premier marathon en moins de 5h pour atteindre les 100km en 12h, puis tenir les 6,8 km/h jusqu’à la fin, ceci sans dormir. Le doux rêveur que je suis… Concernant le rythme je pars sur une base de course et marche alterné (pas plus de 1 min de marche) en augmentant progressivement la distance marchée. Pour l’équipement, je pars avec mon sac empli de toutes mes affaires de course ne sachant pas à quoi m’attendre et pensant y avoir accès facilement. En complément alimentaire j’ai 5 gels endurance BCCA, 5 gels sodium booster, 3 gel antioxydant, 10 sachet de bicarbonate StopCramp et une gourde en plus d’un porte gourde cadeau du trail des Cabornis.
lever de soleil mont blanc
La journée du samedi commence à 7h du matin. Je me réveille chez moi à Lyon, après une courte nuit (couché 0h30). En effet le veille j’étais chez Arthur à manger des pizzas pour préparer l’Ultra Boucle de la Sarra avec les amis de Lyon Ultra Run. Bref, je me lève, mange mon gatosport avec un verre de fruit de fruit et en route direction Grenoble.
158849_Parc Paul Mistral_©Service Photo-Ville de Grenoble8h45, je pose ma voiture chez mes amis (Céline et Damien), puis nous partons avec Céline pour le parc Mistral de Grenoble. Le parc Paul-Mistral est un parc urbain de 27 hectares d’un seul tenant, situé à Grenoble, renfermant plusieurs équipements sportifs majeurs, ainsi que l’hôtel de ville. Situé sur un ancien terrain militaire du Génie, le site va prendre sa configuration actuelle grâce au déroulement de l’exposition internationale de la houille blanche de 1925 (source wikipedia).

Après quelques difficultés pour se stationner (due à notre méconnaissance de l’organisation, un parking nous était en effet réservé), nous nous parquons à coté du Stade des Alpes pour aller à pied jusqu’à la halle des sports pour la remise des dossards.Tal24Gb
En mode découverte, nous sommes les derniers, un gentil monsieur nous remet nos dossard ainsi que les protèges bras compressifs estampillé 24h de Grenoble. Nous nous dirigeons ensuite vers les stands (on se croirait devenu des F1). Nous n’avons pas de table à disposition, qu’à cela ne tienne en 30 secondes chrono un organisateur nous en pose une où nous mettons nos sac plastique running conseil (bientôt terre de running) avec nos noms dessus afin de marquer notre territoire.

En bon traileur nous remplissons notre gourde et mettons nos porte gourde (eh oui, c’est notre premier 24h).
Tal24G2012gIl fait beau, presque chaud (20°C), un concurrent nous signale que de la pluie est annoncée plus tard dans la journée (je prends note). L’ambiance est conviviale, c’est bon enfant, pas mal de coureurs ont l’air de déjà se connaitre. Nous profitons du petit quart d’heure avant le départ pour échanger quelques mots avec notre sympathique voisin qui coach son athlète féminine. J’apprendrais plus tard que ce gentil monsieur n’est autre que Christian Mauduit, entre autres choses champion du monde de déca ironman 2010 (toutes les épreuves le l’ironman en dix fois plus long) et recordman du monde de 48h sur tapis roulant. C’est cela la simplicité d’un champion d’ultra qui viens coacher sa femme elle aussi ultra-runneuse.

Nous nous alignons pour le départ. Céline prend place en dernière position avec comme stratégie de courir tout le temps mais lentement.
Tal24GcPersonnellement je me place au 2/3 du peloton pour observer et adopter un rythme de milieu de tableau. Il est 10h : cinq, quatre, trois, deux, un… et c’est parti.

Tal24g2012Les 6 premières heures : il fait chaud, tout va bien…
Distance parcourue : 51,5 km
Classement : 52/100

Je tiens la cadence en souplesse. Au bout d’une demi heure je m’aperçois que je bois une gorgée à chaque fois que je passe devant mon stand, grosso modo je transporte un porte gourde pour rien. Je le pose donc sur ma table en la laissant accessible (700g de gagné).
Tal24G2012jEn fin de compte, le rythme de course relativement lent (9.5km/h) me conviens bien, je ne ressens pas le besoin de marcher, alors je cours tout le temps. Après une heure de courses j’ai rejoins Céline à qui je prends donc un tour (c’est simple à calculer). Elle est partie à 8,5 km/h de moyenne, ce qui est un peu plus que ce qu’elle comptait faire, mais elle se sent bien, donc elle continu à ce rythme là.
Au bout de la deuxième heure, je rejoins à nouveau Céline. Elle est encore ok, vitesse stable. A partir de midi il commence vraiment à faire chaud. Je prends le temps de m’hydrater et de m’arroser pour ne pas me déshydrater.
Tal24GdA la troisième heure, je commence à me lasser du paysage, mais bon il y a du public et c’est vraiment sympa. Par contre plus de Céline à l’horizon. Je porte mon tee-shirt de la TDS, j’ai donc droit à des remarques des autres coureurs qui me demandent si j’ai finit et comment c’était. Je tape donc la discute pas mal avec mes camarades de course, cela passe le temps. Nous parlons course et trail. Je m’aperçois que nous sommes nombreux venu du trail à faire notre premier 24h pour voir.
Comme le premier objectif est atteint, je suis le plan et incorpore 1min de marche entre mon stand et le ravito à chaque tour pour la suite de la course

Tal24g2012Heures 6 à 12 : Le temps se couvre, ça commence à tirer.
Distance parcourue : 92.6 km
Classement : 37/100

Avec la marche, je suis encore dans le rythme même si ma vitesse commence à diminuer, mes objectifs sont toujours possibles. Pas de problème majeur. J’ai fait une petite percée au classement, peut-être certain coureurs se sont arrêter se reposer. Ce n’est pas dans mon programme, mais après course cela semble censé.
Tal24g2012eCéline est en difficulté, problèmes aux jambes, elle lutte courageusement pour continuer (séance de massage, repos des jambes en position allongé…). Je tiens à signaler un coureur à qui j’accorde toute mon admiration, avec sa technique il est allé très loin (112.6km, chapeau l’artiste):
Tal24G2012f
La nuit est maintenant tombée. La chaleur est partie. Je revêt un T-shirt sec, ainsi que deux couches supplémentaires (je suis frileux 😉 ) Je ne suis pas en 12h au 100, mais pas loin, je laisse 1h- 1h30 pour y arriver et j’abandonne psychologiquement l’objectif des 168 pour me rabattre sur celui des 160km.

Tal24g2012Heures 12 à 16 : Le baroud d’honneur.
Distance parcourue : 114 km
Classement : 33/100

Rien ne va plus, je suis en mode courage avec maintenant deux passages de marche sur le parcours. J’ai une ampoule sous chaque pieds. Un début d’irritation que notre charmant voisin m’aide à passer en donnant de la NOK. J’ai surtout les jambes congestionnée. Je dois les mettre en l’air toutes les heures pour pouvoir continuer à courir. Je tiens encore mes objectifs. Il me reste 8h pour faire 56km, en temps normal c’est largement faisable. En temps normal… c’est faisable. Mais ce n’est pas un temps normal. Je paye cash mon manque de préparation. Les jambes coincent. J’ai froid (je trembles de la tête au pieds), je suis limite de l’hypoglycémie quoique je mange, blocage du système digestif (il est noter que je n’avais jamais mangé autant de pizza de toute ma vie 🙂 ). J’ai sommeil. Et il commence à pleuvoir.
Tal24G2012oJe passe au ravito manger du solide et rentre dans la halle pour dormir.

Tal24g2012Heures 16 à 24 : C’est dur.
Il n’y a pas de lit de libre, pas grave. Je m’allonge sur le sol bien à plat et ferme les yeux. Je comates ainsi pendant 1h. Je me sens mieux. Je sors et passes mes habits de pluie qui sont restées dans l’humidité du stand et marches pendant une heure. Je parcours 5km, cela me fait du bien au moral. Mais mes jambes n’en veulent plus. Retour à la halle, position allongée, les jambes en l’air pendant 30 minutes et j’y retournes.
Tal24G2012pNous sommes encouragés par des jeunes plus ou moins avinés. C’est à la fois énervant et sympathique. Ils me demandent de courir, je leur réponds que je ne peux pas car je suis un zombi. Puis à chaque tour j’ai le droit à la chanson des Cranberries chanté par un chœur désaccordé. Cela me fait sourire.
En même temps je m’occupe (le coté industrieux du nain certainement), je ramène nos affaires qui sont au stand au sec dans la halle (au passage j’embarquerais aussi une partie de celles d’un voisin de table, qui sera content que je les lui ramènes au petit matin, désolé). Je continu en faisant des allers-retours à la halle jusqu’à 6h. Puis je vais me coucher pendant une heure pour la seconde fois.
Tal24G2012mJe reste bloqué à 2km/h.Il fait jour, le moral reviens, je fais 4km dans la 23h.
Tal24G2012lJe motives Céline et nous clopinons 4km pendant la dernière heure. Je m’arrêtes un peu avant la fin pour déguster une bière gentiment proposée par les demoiselles du ravito.

Damien vient nous rejoindre et nous filons (rampons) jusqu’à un resto japonais où je teste la bière japonaise Kirin Ichiban. Une bonne sieste de 5h chez mes amis puis un retour maison.

Note : courir en rond fait marcher comme un dahu les jours qui suivent.
Tal24G2012q

LYON ULTRA RUNRécapitulatif :
132 km, 0 m D+
Temps de course : 23h55 Classement général : 44/100/106
Moyenne au tour : 10’55min.

Les réponses :
1) est-ce que j’ai bien récupéré de TDS ?
Oui, 132km sans préparation c’est validé.

2) est-ce que je peux prévenir mes problèmes de releveur en ayant des chaussures amortie à l’avant ?
Oui, rien à signaler aux releveurs dans des conditions défavorables (terrain dur, plat et marche). Ai-je enfin vaincu le ténosynivite (max de point au scrabble) du jambier antérieur (merci Guillaume Millet pour le vrai nom du truc)? La suite pour l’histoire d’un aller retour.


3) quelle distance puis-je parcourir en 24h sur plat ?

132, mais je dois pouvoir faire mieux. Comme pour le marathon, il faut que je refasse cette course avec une préparation correcte.

4) comment se déroule une course horaire ?
-J’ai vécu de l’intérieur, je me projettes beaucoup mieux.

Vivement l’Ultra Boucle de la Sarra 2013.

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