La Montagne, çà vous « hard » !

Difficile de synthétiser cette expérience montagnarde, tant elle fut riche. Pour éviter de faire chauffer les cuisses, et ainsi se retrouver directement sur la ligne d’arrivée, c’est ici.

Sinon… bonne lecture…

« La passion du dénivelé ? Venez l’assouvir à la Montagn’Hard» : çà c’est ce qui est marqué sur le flyer !
Dire que c’est ma passion, c’est un peu exagéré… mais il y avait quelque chose à assouvir ce WE là…

La Montagn’Hard est l’objectif majeur de ce 1° semestre 2012.

Et comme tout objectif, une préparation est nécessaire. C’est que je ne fais pas le malin : ma seule réelle expérience de « traileur montagnard » se résume au TGV et la CCC 😕

A défaut de dégager suffisamment de temps pour préparer ce gros morceau, quelques objectifs intermédiaires vont ponctuer ce début d’année 2012, permettant de monter progressivement en charge :
– 2 trails de 20/25km, 300 à 700m de D+ (Foulée des Monts d’Or et Trail Givré)
– 2 trails de 40km, 2000m de D+ (Cabornis et Lyon Urban Trail)
– 2 trails de 50/55km, 2000 à 2500m de D+ (Beaujolais Trail et Nivolet Revard)
– 1 ultra de 105km (l’UTCO), 3600m de D+ pour le foncier, 5 semaines avant

Pas vraiment de courses en altitude, à part le Nivolet Revard, on verra bien pour l’adaptation…
Mais le moral est plutôt bon, une petite perf (si, si) sur l’UTCO ayant mis beaucoup d’indicateurs au vert… 😀

Pour cette 4° édition, il est possible d’avoir un pacer à partir de la mi-course. En fait, je n’avais pas réellement réfléchi à cette option (n’ayant jamais testé). L’occasion se présentera pourtant quand Cédric (cedricmtpl), pour sa prépa TDS, se propose, au moment où je poste mon inscription.

Allez, banco ! Nous ne serons pas trop de 2 pour finir, probablement au mental…

Le départ a lieu de Saint Nicolas de Véroce (près de Saint Gervais) le samedi à 5h.
J’ai trouvé un hébergement en gite à 5km, çà ne fera pas trop de route pour être à l’heure sur place.

Après un passage le vendredi midi pour déjeuner avec Cédric, je suis à St Nicolas dans l’après-midi
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… pour le retrait du dossard.
Tidgi MH 2012b année de naissance, c’est bon signe…

Puis prise de la chambre, juste avant une grosse pluie : « c’est toujours çà qui ne tombera pas le lendemain ».

C’est à la pasta party du soir que je retrouve bon nombre de kikous : ponpon, le bagnard, jay, trinouill, only_and_lost, alice, kb77, astro, chti42, jean-mi touron, dan60, …
Ambiance bien sympa, de nouvelles connaissances… 🙂

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Au sortir du resto, un magnifique jaunissement sur les sommets nous donnera le ton pour le lendemain.
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Allez au dodo pour tout le monde !…

Comme chaque veille de course où la nuit est courte, je ne trouve pas le sommeil. Pas facile non plus de « cohabiter » avec des résidents qui eux, ont plutôt le rythme « vacancier ». Ce sera donc au mieux quelques instants de somnolence avant le réveil à… 3h. Nous sommes alors 3 dans le gite à un rapide petit déjeuner pendant que les autres pensionnaires-vacanciers dorment. Et chacun part en direction de St Nicolas.

Ambiance intimiste avant le départ. Nous sommes 190. Je retrouve quelques kiks, avant de rentrer dans le sas de départ.

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Après les dernières consignes données par Olivier (olivier91), nous voilà partis pour une longue balade…


St Nicolas – Les Toiles : « Cà jardine déjà… »

Après seulement quelques 400m de plat goudronnés, c’est parti direct dans le pentu.
Le ton est donné : le plat, ce sera juste pour relier vite fait 2 portions de D+ ou D-…

Je retrouve ponpon et only_and_lost, nous cheminons ensemble les premiers kilomètres.

Les cimes commencent progressivement à jaunir.

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Rapidement, la frontale peut être mise de côté. La journée va être belle !

Descente sur Bionnay puis nous remontons au dessus de Saint Gervais.
Les bâtons sont à présents autorisés et je ne vais donc pas m’en priver.

J’ai laissé ponpon et ne suis pas très loin derrière trinouill à présent.

Arrivé en haut, une vue magnifique sur les Aravis.

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Je profite du paysage dans la descente qui suit, rattrape un coureur et… ne trouve plus de balisage… Je continue malgré tout, persuadé d’en trouver plus loin… jusqu’à trouver un concurrent qui revient vers moi : on s’est planté !! 3 autres seraient même devant lui, encore plus en contrebas…

Ça commence bien !!! A 3 avec le coureur que j’ai dépassé, nous remontons toute cette partie descendue pour rien : comme s’il n’y avait pas assez de dénivelé à faire !! Embarrassé

Enfin on retrouve l’embranchement, pourtant bien marqué non ? C’est là, à droite et pas tout droit !

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Bon, pas grave, il y a encore du chemin…

Nous en profitons pour discuter depuis le fond du peloton, nous ne devons pas être loin des derniers… L’un de mes compères a aussi fait l’UTCO, l’occasion d’échanger nos impressions.

Enfin le ravito des Toiles. Nous ne trainons pas : une orange, de l’eau pétillante. Et l’un des 2 compagnons s’est déjà échappé, souhaitant vite rattraper son retard. Je ne sais pas s’il sera arrivé au bout… Pour l’autre, nous ferons du yoyo quasi toute la journée du samedi. Après, plus de nouvelles…

Cumul : 2h30 – 12km – 945m D+
Place : 143

Les Toiles – Bionnassay : « Les cuisses chauffent déjà, mais les yeux aussi… »

Je retrouve only_and_lost, que je laisse dans la 1° montée vers le Prarion.

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Arrivé presque en haut, quelle superbe vue sur le Mont Blanc ! Magnifique récompense ! Je savoure ce moment… 🙂

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Et çà fait du bien car les cuisses ont déjà un peu de mal : l’UTCO se rappelle à moi ??

Au niveau du Prarion, je retrouve Françoise84, et lui souhaite bonne course…
Puis j’amorce la descente vers le ravito de Bionnassay.

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le Mont Joly, que nous « gravirons » 2 fois

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pas de train, yapluka y aller à pied…

J’arrive au ravito. Mais c’est qu’il y a plein de kikous ici : trinouill, benos, astro, badgone en photographe, ponpon qui me croyait devant (c’est bon, ne cherche plus, j’étais derrière !), Françoise qui arrive peu après moi…

Ponpon repart pendant que je prends le temps de me restaurer et papoter un peu.

Cumul : 4h30 – 23km – 1850m D+
Place : 126

Bionnassay – Chalets de Miage : « Faut pas tricoter… »

A peine reparti, je suis déjà dépassé par les premiers du 37, Seb Chaigneau en tête (même pas eu le temps de lui demander un autographe…) 😛

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Arrive la partie ludique de la course, le passage par la passerelle au dessus du torrent.

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Puis la montée vers le col de Tricot : dur, dur à nouveau pour les cuisses. UTCO, lâche-moi !… Je vais avoir du mal à tenir les autres montées si j’en ch… comme çà !

Je vois revenir Françoise vers moi et me dépasser (avec une belle vitesse ascentionnelle !). « Mais Françoise, on s’était dit à l’arrivée » !!
Puis en haut, je retrouve tout le monde : Françoise, Alice, ponpon qui repartent dans la foulée.

Une petite barre et je pars à leur poursuite.

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Une descente technique, attention les chevilles et les genoux.
Je rattrape Françoise et rejoint ponpon au ravito. Les mêmes en haut… se retrouvent en bas… Sympa cette balade entre amis…
Nous voilà donc aux Chalets de Miage.

Les filles sont déjà reparties. Avec ponpon, nous prenons le temps d’ajuster les chaussures…

Cumul : 6h45 – 31km – 2750m D+
Place : 118

Chalets de Miage – Tré-la-Tête : « Que de bipèdes par ici ! »

Nous repartons ainsi ensemble jusqu’au ravito des Contamines, où nos pacers respectifs nous attendent.

A peine élevé, et revoilà le Mont Joly, qui nous taquine.

Tidgi MH 2012tCa ne fait pas envie çà ?

Tidgi MH 2012uOu çà ?
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Oh, encore le Mont Joly : dans quelques heures, on l’attaque par son flanc droit. Puis le lendemain, ce sera par son flanc gauche ! 😛

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Tout d’abord une descente vers Frasse où elcap vient prendre des nouvelles de son poulain, et accessoirement nous shooter.

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crédit photo Elcap

Puis la montée vers Tré-la Tête.
Celle-ci me plait beaucoup.

C’est en effet un peu le capharnaüm : un melting pot de bipèdes qui se dépassent, chacun à son rythme en fonction de sa « condition sociale » du jour; randonneurs du samedi, coureurs du 60,…
Bref, nous ne sommes pas tout seul et c’est bien sympa…

Avec ponpon, nous arrivons enfin au ravito : le refuge de Tré-la-Tête.

Refuge tre la tete

Ici, c’est le top : le bagnard officie avec maitrise et propose à chacun des concurrents un peu de « jus de houblon ». C’est bien la première fois dans ma modeste carrière de traileur que je prends une « despé » sur un ravito !

Certes, la dose est modérée mais c’est bien sympa. Et la « petite » descente précède ainsi la « grosse » qui nous attend en direction des Contamines. Rigolant

Celle là même qu’ont emprunté Jean-mi touron et stephanos dans le sens de la montée. Ils nous rejoindront aux Contamines pour nous accompagner un peu…

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En regardant derrière, nous étions là, au col de Tricot, quelques heures avant…

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Cumul : 9h50 – 42km – 3800m D+
Place : 117

Tré-la-Tête – Les Contamines : « Une descente très cassante »

La descente vers les Contamines est très cassante, et n’a rien d’extraordinaire.
La longue portion de plat qui suit nous fait passer par la base nautique des Contamines, son centre de loisirs (çà ferait presque envie)…

Quelques kilomètres de plat, dans la civilisation, avant de rejoindre le centre-ville des Contamines, pour arriver au ravito…

Cloclo est là en photographe-shooter.

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crédit photo Virginie

Tout comme ponpon retrouve elcap, je retrouve donc Cédric (cedricmtpl), prêt à me servir de « lièvre » pour la suite de la course.

Il fait chaud, il fait beau. Le moral est au beau fixe pour attaquer le Mont Joly, juste après être passé à la bifurcation entre le 60 et le 100. Mon choix est déjà fait à ce moment là, pourvu que çà dure…

Cumul : 11h40 – 50km – 3840m D+
Place : 122

Les Contamines – Le Mont Joly : « L’altitude, çà prend là ! »

A peine reparti, et c’est un petit groupe de kikous qui se forment dans la montée vers le Mont Joly (2525 m) : ponpon et elcap, francoise, alice et son pacer, cedric et moi.

Même jean-mi touron nous accompagne sur la première partie, ainsi que stephanos qui sera plus devant.
Une montée d’abord dans les bois, avant d’atteindre quelques chalets, qui précèdent la bifurcation.

Avec Cédric nous sommes à présent devant, montant à un rythme qui me va bien.

La bifurcation est là, les voyants sont au vert. Je me sens prêt à affronter la nuit. Et puis, si je bifurque sur le 60 pour rentrer 1h après, que dirait mon pacer qui vient à peine de commencer ??? 😀

Donc, je n’hésite pas…

Et c’est avec Cédric que nous attaquons maintenant le Seigneur de la course, à savoir le Mont Joly… Pour moi, une 2° course commence alors…

Cette montée est progressive, il ne faut pas chercher de suite le sommet.
Nous traversons d’abord un champ d’herbe…

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Puis attaquons l’arête qui nous mène d’abord au Mont Geroux (2100m), par un petit pierrier.
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La vue est magnifique, c’est grandiose.

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Magnifique ? Oui, derrière le bonhomme…
Nous cheminons avec stephanos qui accompagne un concurrent, et une féminine.
Ponpon et elcap ne sont pas loin derrière.

Le chemin vers le sommet du Mont Joly devient de plus en plus dur et l’allure se fait bien plus lente…

J’ai besoin de m’arrêter régulièrement, et comme le dit la féminine avec qui nous cheminons, de respecter des paliers (en voilà une bonne raison d’avancer lentement…).

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J’ai froid, j’enfile ma goretex… Dur, dur à ce moment là (à se demander pourquoi j’ai bifurqué sur le 100 ??). J’avance vraiment difficilement, Cédric est plus devant (merci pour ta patience ! 😕 .

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ponpon et elcap

Enfin en haut, où l’on se fait bipper.

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Nous avons rejoint Alice. Ponpon et elcap arrivent derrière.

Et puis une photo pour la postérité, avec une belle brochette de kiks. 🙂

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Ce moment est génial. Je contemple cette vue extraordinaire à 360 !

En face du Mont Joly, je repère où j’ai passé ma journée, qui se termine par un soleil couchant ajoutant une touche de magie à cet endroit.

On resterait bien (longtemps) mais il ne faut pas trop se refroidir…

Cumul : 15h20 – 58km – 5320m D+
Place : 112

Le Mont Joly – L’Etape : « On ne traine pas ! »

Avec Cédric, nous amorçons donc la descente vers l’Etape, là en bas, à 1500m. Soit 1000 m de D- à enquiller.Langue tirée

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Nous franchissons quelques névés au départ de la descente, qui se fait à une allure plutôt soutenue.

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Une fois en bas, je pense alors être arrivé au ravito ?… C’est sans compter avec ce petit « coup de cul » à encaisser avant d’arriver au lieu dit « Les Tappes ».

Une plus longue pose s’impose… Changement de chaussettes, de tee-shirt, passage en « mode nuit »… Bref, j’en oublie presque de me restaurer…Embarrassé

Ponpon et elcap arrivent un peu après. Puis Alice et son pacer.

Des concurrents piquent un petit somme sur quelques matelas mis à disposition (ce qui sera le cas à chaque ravito)

Pour ma part, je ne souhaite pas trop trainer, rassuré sur les barrières horaires que je commençais à mélanger (Minuit trente, c’est ici, et pas à la Commanderie fort heureusement Incertain)

Cumul : 17h – 64km – 5380m D+
Place : 108

L’Etape – Le Bolchu : « Du bon mental en mode nuit ! »

Et c’est reparti dans la nuit noire.

Un gros morceau nous attend maintenant avec le col de la Fenêtre : 1000m de D+.
Vu le temps que çà va prendre, je m’accorde avec mon pacer pour le faire en mode « solo », musique dans les oreilles. Ce genre de partie se fait aussi avec la tête…

Après être redescendu sur Notre Dame de la Gorge, nous attaquons donc la longue montée…
Sur la fin (plus ardue), nous apercevons les quelques frontales qui nous précèdent… et celles qui nous suivent.

La lune s’est levée depuis 2 heures, et apparaît à présent au dessus des cimes. Elle est légèrement floue (non, non, je n’ai pas abusé de génépi). Signe de pluie ?

C’est dans la caillasse que nous basculons victorieusement dans le Beaufortain. La lune a changé et est à présent très claire. Pas de pluie annoncée malgré les prévisions… Ca promet une belle nuit…Sourire

A la recherche du ravito du Bolchu ? Ah, mais on le voit au loin. Les jeunes qui l’animent ont la bonne idée de le rendre très visible.

Arrivés là, c’est plutôt la bonne ambiance qui l’habite. Sympa les jeunes !

Un coca, une soupe, une eau pétillante.

Et c’est reparti, non sans avoir pris des nouvelles du prochain tronçon : on monte un peu puis on redescend… beaucoup. Pas mal comme programme !

Cumul : 21h30 – 72km – 6500m D+
Place : 114

Le Bolchu – La Commanderie : « Faut pas tergiverser ! »

La nuit est claire, et évidemment calme au milieu du Beaufortain.

Tiens ! Un coup de fil de ma petite femme qui ne dort pas. Conversation entrecoupée pour cause de réseau limité : pas grave, çà me redonne la pêche !

Ca rajoute à un mental qui est au plus haut, je serais presque en pleine euphorie… car je me vois bien loin des barrières horaires, et rien ne peut plus nous arrêter.

Comme si le passage à la Commanderie (prochain ravito dans quelques heures) n’allait être qu’une formalité, prélude à une arrivée « victorieuse »… Profite ! Ca ne va pas durer…

Nous avançons, nous avançons, … et cette descente qui n’arrive pas.
Le ciel commence à se couvrir, la Lune se trouble puis se cache. Humm, çà se gâte finalement.

Passé le col de la Gittaz, nous amorçons (enfin) la descente et commençons à contourner le lac de la Girotte.

Le jour se lève, et arrive alors la pluie…
D’abord quelques gouttes, puis c’est un véritable déluge qui s’abat sur nous.
Un vent froid accompagne ce mauvais temps… Caractérisé par un plafond bas…

Au loin, nous apercevons le ravito de la Commanderie, mais que le chemin est long pour l’atteindre !

Plusieurs fois, les pieds s’enfoncent dans les flaques : floc, floc ! Et çà je ne supporte pas…Déçu

Je ne suis pas au mieux quand nous arrivons enfin au ravito.

Le problème : il pleut et c’est le plus petit ravito que nous rencontrons. Peu de siège pour s’asseoir, voire même pour se mettre à l’abri !

Derrière, dans la grange, quelques lits dans lesquels se reposent des concurrents.

La course se joue là pour moi, au niveau mental.

Les températures ont chutées. Et je commence à prendre froid.
La pluie n’a pas l’air de vouloir s’arrêter, le ciel est bien bouché.
Il reste 30km, estimés à 9h de course. Sous cette pluie battante ?

Non, çà je ne me vois pas terminer dans ces conditions. Alors, dans ma tête, je songe à arrêter…Déçu
Sensation étrange d’un mental qui vient de faire une chute libre et qui ne va pas tarder à s’écraser…

Mais… ce serait dommage que mon 1° abandon sur une course se joue sur un coup de la météo. Je ne suis pas blessé, je suis encore dans les temps. Je ne suis pas tout seul puisqu’avec Cédric, notre objectif est d’arriver au bout…

Un concurrent en rajoute en annonçant que le retour par l’Aiguille Croche est plutôt risqué. Ce qui n’est pas pour rassurer ceux qui sont là…

Alors çà gamberge (pas facile de rester serein avec cette fatigue accumulée).
Les bénévoles du lieu communiquent avec le QG. Changement de parcours ? La course va-t-elle être neutralisée ?
Puis arrivent Ponpon et elcap, visiblement décidés à continuer.

Pendant que ponpon va se reposer dans la grange, Cédric, lui, est prêt à repartir.

…Allez… je tire sur le manche de cet avion qui allait se crasher… j’arrête de tergiverser.Criant

Déjà le ciel se dégage un peu. Nous repartons alors sous la pluie.

Cumul : 25h20 – 78km – 6920m D+
Place : 83

La Commanderie – Le Monument : « Dieu que c’est long ! »

Je relance la machine. Conscient que je suis passé pas très loin d’un abandon…

Et ç’aurait été vraiment dommage : déjà la pluie devient moins violente. Jusqu’à s’arrêter lorsqu’on arrive en bas de la descente, à Annuit, au bout d’une petite heure.

« Une » médecin prend alors de mes nouvelles, je lui dis que tout va bien, malgré un coup de flip 1 heure plus tôt. Je lui demande le temps pour rallier le prochain ravito : « 2h30 m’annonce-t-elle ». Parfait.

Et nous traversons le village… en faisant plus de chemin que prévu.

En effet, nous loupons une balise sur un chemin à droite, et continuons sur la route jusqu’en haut du village : à nouveau un jardinage, 24h après le premier (et si je changeais de prénom ? Innocent).

Ces 2 jardinages m’auront bien couté 1h au total…Incertain

Tiens, le lac de la Girotte vu d’en face.

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La montée du col de Very est interminable : pas très pentue (un chemin de 4×4). Ca force à courir mais les jambes n’y sont pas trop…

Arrivé au col, j’imagine trouver le ravito du Monument : que nenni ! Nous basculons sous l’Aiguille Croche. Au bout d’une heure, et bien que le balisage soit présent, je suis persuadé que nous sommes passés à côté du ravito pour continuer sur le chemin qui nous mène maintenant vers St Nicolas. Et l’heure qui tourne… On est loin des 2h30 annoncés depuis Annuit.

Heureusement, tout rentre dans l’ordre dans la tête quand un randonneur (ou un bénévole ?) nous informe que ce fameux ravito n’est plus très loin.

Je regarde l’heure à nouveau et me bats à présent contre la barrière horaire d’arrivée à Saint Nicolas.
La marge ne va pas être énorme, voire inexistante pour arriver à temps ? Pourtant je suis persuadé que nous irons au bout à présent. Etrange sentiment en guise de 2° coup de flip…

Encore un chemin en devers (bonjour les chevilles et attention la chute), et enfin le ravito est devant nous ! 83° place annoncée.

Je retrouve mon médecin qui me redemande si çà va. « Bof, le temps que vous m’aviez annoncé est plutôt pour les premiers, non ? »

Elle me rassure cependant sur la possibilité de finir dans les temps d’autant que l’heure limite est passée de 16h à 17h, avec un passage sous l’Aiguille Croche (et non dessus) suite aux intempéries : bon pour le moral tout çà !Langue tirée

Cumul : 31h – 98km – 8000m D+
Place : 83

Le Monument – Saint Nicolas : « Ecurie ! Nous voilà ! »

Après les ingrédients habituels pris comme sur chacun des ravitos, c’est-à-dire ceux que le digestif ne refuse pas (good !), c’est 15 minutes plus tard que nous partons à l’assaut du Mont Joly, en passant sous l’Aiguille Croche.

C’est le moment de passer en mode « warrior ». Avec Cedric, nous avons toutes les cartes en main pour arriver dans les temps.

Même si c’est 17h, je préfère la jouer avant 16h, comme prévu initialement.

J’ai plutôt l’habitude de ne pas trop mal finir les courses (mise à part l’UTCO qui fut éprouvant dernièrement), alors j’ai confiance. Cédric reste en bonne forme (même pas épuisé le garçon !).

Evitant la crête de l’Aiguille Croche, il faut bien quand même remonter vers le Joly. Cette montée se fait via un sentier (« ah ! çà c’est un sentier ? ») « dré dans le pentu ». Moi qui ralait à propos du sentier trop roulant vers le Col de Véry.
Et là çà pousse sur les bâtons. J’essaie bien de zigzaguer dans la pente mais… pas mieux pour les chevilles.

Arrivés sur l’arête, la montée continue là :

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Puis passe ensuite sous le sommet, côté Ouest, sur un gros pierrier. Toujours attention aux chevilles…
Avant de retrouver le chemin emprunté la veille au soir lors de notre ascension.

Même si les jambes se font lourdes, je savoure pleinement ces moments parmi ces superbes paysages, quand on sait que l’on va finir (ben quoi ? Même pas peur maintenant !).

Dernière descente sur Saint Nicolas, je me lache un peu et me prend une folie de descendre comme un malade sur les derniers kilomètres !!
Incroyable comme le corps a encore de la ressource, cette fois c’est Cédric qui essaie de me suivre…
A ce jeu (un peu débile je le conçois), je reprends 3 concurrents qui « rentraient » en marchant.

Dernière ligne droite et c’est avec une GRANDE émotion que nous passons l’arche d’arrivée, sous les applaudissements de la famille Kikourou : vous êtes formidables ! Sourire

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Nous aurons un peu plus de 3h sur cette dernière portion…

Merci l’ami Cédric de m’avoir accompagné, et même guidé jusque là !
Nous avons fait une bien belle balade…

En guise d’after, une bonne bière directement apportée sur la ligne (merci Virginie) et les coups de fils qui suivent après.

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Ayé, je l’ai fait ! Je l’ai eu cet objectif que je voyais très ambitieux…

Ce magnifique WE se cloturera autour d’un banquet… non d’un bon repas entre kikous.
Avant un passage chez Cédric pour y passer la nuit (je me suis d’ailleurs bien fait peur quand j’ai failli me prendre 2 rembardes d’autoroute sur l’heure de trajet), puis retour at home le lendemain matin.

Un bilan ?

Il est difficile de décrire simplement ce que j’ai vu vivre (la preuve avec ce très (trop) long récit, difficile de vouloir être synthétique).

Ce fut en tout cas une formidable expérience humaine, sportive et touristique. Et je rajouterai même « contemplative » : comment ne pas succomber face à cette nature qui dévoile tous ces charmes, mais en même temps nous impose une grande humilité…

C’aura été la course de tous les superlatifs : distance, D+, temps passé sur le terrain, nombre de « jardinages », nombre de gamelles, nombre d’heures sans sommeil…

Une grande satisfaction aussi : ne pas être arrivé explosé, ni de bobos. Y compris ceux qui avaient pu me « pourrir » un peu la vie les mois précédents.

Pas eu de souci digestif non plus (pourtant mon point faible, qui plus est en montagne, je repense à ce TGV).

Et puis, le tout sans vraiment avoir besoin de dormir (quand l’excitation de la course nous tient éveillé…)

La prépa aura bien servi…

Le « bitumeux d’origine » pense avoir découvert ici une nouvelle expérience du côté de la montagne, et elle va marquer celle là…

Merci à mes proches qui m’ont soutenu.

Merci à ceux qui m’ont encouragé de près ou de loin.

Merci à toute l’organisation, à ses bénévoles de nous avoir permis de vivre ces moments (longue vie à la Montagn’Hard !)

Et bravo à tous les participants, qui ont pu finir ou pas. Il y a des revanches à prendre pour certains Clin d’œil

La récupération se passe plutôt bien lors des semaines qui suivent.

Le prochain objectif sera le marathon de Venise fin Octobre. Je vais donc laisser les trails pour à nouveau cotoyer la route pendant quelques temps.

En principe, je devrais revenir pas très loin d’ici, pour l’UTMB 2013 …

La Montagn’Hard… en chiffres
119 km, 9000m D+
Départ samedi 5h05, arrivée dimanche 15h30
190 partants
85 arrivants
77° place en 34h25

Le Mont Joly : point culminant à 2525m

2 jardinages
4 gamelles
0 sommeil…

Tidgi. 🙂

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